Un petit pas pour l’homme…

Je suis vaccinée. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité, comme on dit… 

Je n’aurais pas cru, il y a un peu plus d’un an, accorder autant d’importance à ce petit moment. J’ai mal au bras, j’ai le corps ankylosé, mais je commence à rêver de liberté. Je sens une certaine frénésie à l’idée de penser à voyager, à des soirées entre amis (beaucoup d’amis), à des spectacles bondés. Je rêve aussi à des petites choses moins impressionnantes, mais tout aussi importantes qui faisaient partie de nos habitudes, comme de serrer la main d’un inconnu, donner des bisous à nos parents ou aller magasiner sans porter de masque. 

Je rêve de notre vie d’avant. Elle n’était pas parfaite, mais elle était quand même bien, cette vie-là.  

Quand je repense à toutes ces choses que nous prenions comme acquises, j’éprouve un certain blocage. Je regarde des photos ou des vidéos d’avant et mon premier réflexe est de me dire que maintenant ce n’est plus comme ça. Je réalise que j’ai vécu un traumatisme, que nous avons vécu un traumatisme collectif. Je me demande si un jour les choses redeviendront comme avant. Et si elles redeviennent comme avant, combien de temps cela nous prendra-t-il avant de trouver ça normale?  

Je me demande comment mes enfants vont se rappeler de cette épreuve que nous sommes en train de traverser. Quelles séquelles vont-elles garder? Pendant combien d’années vont-elles être excitées à l’idée de sentir l’odeur de Purell d’un nouveau magasin? Combien de temps encore vont-elles me demander si elles ont le droit de faire un câlin ou de donner un bisou à grand-maman?  

Si ce vaccin peut vraiment tranquillement ramener les choses un peu plus vers quelque chose de normal, et bien il y a vraiment de quoi célébrer, car on va se le dire, la dernière année n’aura pas été la plus joyeuse du dernier siècle. 

Je suis vaccinée et j’en suis fière.