Je me sens vidée, et pourtant j’ai l’impression que je déborde. Ma tête est prête à exploser tellement elle roule, tandis que j’ai le sentiment que mon corps s’est drainé de toute son énergie depuis les dernières semaines. Je suis une citoyenne 2.0 dans un nouveau monde qui cohabite avec un ennemi invisible.
Je ne suis pas la seule dans ma situation, toute l’humanité la partage. Le climat d’incertitude qui règne en cette ère de la COVID-19 en est la raison. À tous les jours dans les derniers mois, nous avons eu l’impression que notre monde s’écroulait un petit peu plus. À tous les jours, quelque chose de nouveau basculait. Depuis quelques jours, on nous dit que nous avons le droit de recommencer à souffler un peu, mais que notre monde peut s’effondrer de nouveau à n’importe quel instant. Un bel environnement anxiogène, parfait pour nous rendre zen, ou pas.
Nous avons perdu nos repères collectifs, notre boussole universelle. Qu’est-ce que demain nous apportera? Quand est-ce que notre vie pourra retrouver un semblant de normalité?
Parfois j’aime croire que la vie redeviendra comme avant, qu’il n’y aura pas de séquelles de toute cette crise. Je peine à croire que toutes les mesures qui ont été mises en place disparaîtront complètement, que nous oublierons toute cette histoire, comme si ce n’était qu’un mauvais rêve. Je continue d’espérer que mes enfants retrouveront un jour notre monde d’avant, mais j’en doute.
Dans toute cette crise, je vois du blanc et du noir, du ying et du yang. D’un côté, il y a ces moments doux à voir grandir mes enfants à mes côtés, de l’autre côté il y a l’épuisement d’être sans cesse sollicité et prisonnière de mes responsabilités de mère et d’employée. Il y a ces personnes seules qui trouvent le temps long, et d’autres qui voudraient plus de temps. Il y a ces commerces qui font des affaires en or depuis les derniers mois, et à l’opposé il y a ces commerces qui ne réussiront pas à survivre à cette crise. Il y a ces gens qui ont du temps pour apprendre une nouvelle langue ou à jouer d’un nouvel instrument, et ceux qui travaillent d’arrache-pied pour joindre les deux bouts.
En 2020, l’humanité s’est réveillée avec un hang over de toutes ces années d’excès et de démesure. Maintenant, elle doit prendre le temps de se relever, mais sans trop se presser pour ne pas qu’elle retombe trop souvent.
Un texte superbe qui résume bien ce que l’on vit et ressent tous dans cette période d’incertitude.