J’ai mal.
Je me suis réveillée lundi matin et je n’avais pas trop réalisé l’ampleur du drame. Le dimanche soir, en lisant les nouvelles, perdu sous dix pieds de neige dans Charlevoix, j’étais sous le choc. Je lisais les mots, mais ma tête avait de la difficulté à se faire une raison. C’était difficile à concevoir, difficile à assimiler.
Puis, le lendemain matin, j’ai croisé plusieurs véhicules de la police de Québec sur le chemin du retour vers la maison, et j’ai compris. À ce moment précis, j’ai versé une larme. La vision de tous ces véhicules m’a fait réaliser que c’était vrai, que le pire était réellement arrivé. Je venais de comprendre que des innocents avaient perdu la vie. Que notre belle ville, si pure et candide, n’était plus ce qu’elle était. Que nous n’étions plus ce que nous pensions être. On nous a frappés en plein cœur, là où l’on se pensait intouchable.
J’ai toujours pensé qu’à Québec, on était à l’abri. C’était naïf, et beau à la fois. Je pensais qu’à Québec nous étions tous les mêmes, que nous aimions tout le monde. Je réalise maintenant que je vivais avec la tête dans le sable, je crois. Je vivais dans une bulle, à l’abri des jugements et de la haine.
Je l’avoue, mon entourage est plutôt homogène. Nous avons tous un peu la même tronche, le même profil, les mêmes origines, les mêmes valeurs, les mêmes coutumes. Ce n’est pas que j’évite de rencontrer du monde différent de moi, c’est juste que je ne sors pas assez, j’imagine.
Lorsqu’on écoute les nouvelles et qu’on voit les attentats à Paris, à Fort Lauderdale, à Bruxelles ou n’importe où ailleurs dans le monde, on est choqué, peiné, mais quelque part on réussit à en faire abstraction parce que ça arrive ailleurs. On se sent concerné, mais pas tant que ça en même temps. On pense que c’est l’histoire des autres, que nous sommes au-dessus de tout ça. On continue de penser, à tort, que chez nous tout tourne bien, qu’il n’y a pas de racisme dans notre petite ville de Québec, mais surtout qu’il n’y a pas de gens assez malades pour commettre un tel crime. Jusqu’à ce que ça nous arrive. Jusqu’à ce que notre petite paix tranquille soit bouleversée. Jusqu’à ce qu’un malade nous fasse comprendre que personne n’est à l’abri et que cette guerre est partout. La haine est partout.
Mes sympathies à tous ceux qui sont concernés, de proche ou de loin, par ce tragique attentat.