Histoire d’accouchement (Deuxième partie)

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la suite …

Après ce qui m’a semblé une véritable balade de plaisance, j’ai finalement commencé à souffrir le martyre. Je n’avais toujours pas eu ma péridurale et j’essayais de me souvenir les trucs pour atténuer la douleur qu’on avait appris dans nos cours de préparation à l’accouchement. Je ne me souvenais de rien, mon chum non plus. Il essayait de me faire des massages, ça me rendait plus agressive qu’autre chose. À chacune de mes contractions, il me disait : RESSSPIRE!!!

Au début, je l’endurais. Je me disais qu’il « essayait » de participer un peu. Plus le temps passait, plus j’avais envie de lui faire mal quand je l’entendais me parler dans les oreilles à chaque contraction. Je me disais dans mon for intérieur : JE LE SAIS QU’IL FAUT QUE JE RESPIRE!!! Je me suis gardé une gêne, je ne lui ai pas dit. Pas au début du moins. Puis est arrivé un temps où j’en pouvais plus, j’haïssais la terre entière, j’avais envie de m’arracher le bas du corps tellement la douleur était insupportable. Là, à ce moment-là, je lui ai dit un peu bête : PENSES-TU QUE JE LE SAIS PAS QU’IL FAUT QUE JE RESPIRE??? Il a cessé de parler pendant quelques minutes.

Après avoir remis mon chum à sa place, je suis allée prendre un bain, parce que supposément que ça t’aide à mieux gérer la douleur. Les premières minutes furent agréables. Les contractions ont diminué, pendant un temps.DSC08209

Au moment où je commençais enfin à relaxer dans le bain, mes contractions sont reparties en force. On aurait dit qu’elles avaient appelé du renfort. La douleur était rendue ingérable, au point où j’ai littéralement pensé y rester. Je sais, c’est cliché, mais c’est la vérité. J’ai crié à mon chum d’appeler l’infirmière pour m’aider à débarquer du bain parce qu’à deux on ne serait pas capable de me sortir de là. Je me suis aussi mise à vomir, style lendemain de brosse, aucune retenue. Mon corps ne se comprenait plus. J’ai commandé la péridurale en demandant à l’infirmière de le faire illico-presto-s’il-vous-plaît parce que je n’allais pas survivre encore longtemps dans cet état-là.

De retour à ma chambre, j’ai encore une fois pensé que j’allais mourir. La douleur avait atteint un paroxysme inimaginable. Je le savais déjà que je gérais mal la douleur, je n’avais pas besoin de me le faire confirmer. L’anesthésiste est arrivée, après une éternité. Elle a demandé à mon copain de mettre un masque sur son visage, pour garder l’espace stérile. Il avait de la misère à respirer. Il m’a demandé s’il pouvait sortir de la chambre pendant qu’il me faisait l’injection parce qu’il « ne se sentait pas bien ». PAUVRE LUI! Excusez-moi pardon! Juste dans mon regard tueur il a compris qu’il était mieux de ne pas bouger de là, pis de ne même pas penser à pouvoir se plaindre.

Avec toutes les difficultés du monde, j’ai finalement réussi à rester en place pendant la fameuse « piqûre » pour la péridurale. Je me suis mise à planer. Je sentais encore la douleur, mais c’était rendu gérable.

Quelques minutes plus tard, on m’a dit que le moment de pousser allait bientôt arriver. Mon chum et moi on s’est regardé, un peu paniqué, un peu excité. J’ai dit au docteur que je ne savais pas si j’étais prête, là, tout de suite, maintenant. Elle m’a répondu que c’était un peu tard pour ça, que ça se passait NOW. Fallait que je pousse, que je donne tout, tout, tout ce que j’avais. J’ai tout donné.

Pendant cette brève période très intense, je me souviens d’avoir entendu mon chum faire la comparaison de mon accouchement avec un tube de dentifrice qui commence à tirer à sa fin… Un big thumbs up à mon chum pour ce magnifique commentaire de champion!

Ma fille est finalement arrivée comme un ballon de football après une vingtaine de minutes. Elle est sortie tellement rapidement que ça a pris trois personnes pour l’attraper. Il y avait du liquide partout dans la pièce, j’en avais même que dans les yeux. C’était comme un immense feu d’artifice, mais avec du liquide amniotique. C’était chic.

Puis, je l’ai vu. On l’a déposée sur moi. Elle pleurait un peu, pas fort. Elle était belle, toute rose avec beaucoup de cheveux. Je suis tombée en amour. C’était physique, je l’aimais tellement, déjà. Pour la première fois de ma vie, il y avait quelque chose qui valait plus que ma propre existence à mes yeux. J’étais conquise.

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2 commentaires sur “Histoire d’accouchement (Deuxième partie)

  1. Bonjour Valérie,
    D’abord merci pour ce partage très très intime 😉
    Beaucoup de femmes disent que leur accouchement c’est bien passé, que c’était un merveilleux moment, un moment qu’elles n’oublieront jamais.
    Je me suis demandée si finalement dans la majorité des cas, les femmes ne s’interdisent pas de dire que c’est difficile de mettre un enfant au monde, de génération en génération, afin de paraître « une bonne mère »…
    Hé bien Valérie, je ne suis pas cet avis et très longtemps j’ai culpabilisé de penser différemment des autres femmes…Comme vous, j’ai eu le sentiment de subir mes accouchements, en vous lisant je me retrouve quelque peu…Ce n’est pas plaisant de mettre un enfant au monde, il n’y a rien de merveilleux en cela. Par contre lorsqu’il est là, immédiatement la joie de l’accueillir, le bonheur d’être maman évapore la souffrance afin y parvenir 😉
    D’ailleurs j’adore la vision de Florence Foresti « la grossesse », je vous la dépose 🙂

    Bonne fin de semaine Valérie, bisous tendres

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