Après près d’une heure d’attente et des explications qui me semblaient bien insuffisantes pour l’ampleur de la situation, je suis embarquée dans l’avion avec mon parachute sur le dos. Nous étions cinq fous à y aller au même moment, accompagnés de professionnels auxquels nous allions être accrochés comme des sangsues pour la descente. Il faut dire qu’à cet endroit, il y avait trois écoles de parachutismes côte à côte et qu’un avion rempli de gens accrocs à l’adrénaline s’envolait à chaque 15 minutes afin de larguer sa marchandise en plein vol. Juste ça !
À mon avis, il faut être complètement désespéré ou un peu cinglé pour se tirer dans le vide à plus de 4000 mètres d’altitude. Je dois être un peu des deux. Lorsqu’ils ont ouvert la porte de l’avion en plein vol, quelque part dans l’immensité du ciel, je me sentais encore relativement bien, mon cœur n’essayait pas trop de sortir de ma poitrine. C’est au moment où les premiers fous se sont tiré dans le vide que je me suis mise à remettre en question le bon sens de cette folie. Ils ont disparu de ma vue, en l’espace d’une simple fraction de seconde. Pouff, disparus! La panique s’est emparée de moi, littéralement, comme dans les films. L’adrénaline ne voulait même pas me supporter dans mes choix irrationnels. J’étais là, assise dans un avion comme une idiote, accrochée comme un kangourou à un gars que je ne connaissais pas et en qui j’étais censée remettre ma vie. Il aurait pu avoir des tendances de kamikaze celui-là et ça en aurait été fini avec ma petite existence insipide.
Trop tard pour réfléchir, le moment exigeait d’y aller. Le gars auquel j’étais accrochée s’est mis à avancer et m’a installée sur le bord de la porte, le vide droit devant. Nous étions plus haut que les nuages, beaucoup beaucoup beaucoup plus haut que ceux-ci. Clairement, nous étions trop haut. Le gars m’a dit « go » et, avant même que j’aille le temps de réagir, mon cerveau s’est éteint. Je crois que c’est trop d’émotions pour une tête la première fois que tu fais un saut pareil. La tête se dit juste : tiens je m’éteins, c’est trop, je ne sers plus à rien en ce moment. Quand mon système nerveux s’est remis en marche, j’étais dans le vide, en train de descendre à je ne sais quelle vitesse de fou. C’était grisant.
Le gars nous a fait faire quelques pirouettes, parce que je lui avais demandé avant de monter dans l’avion de ne pas me ménager. J’aurais pu m’abstenir de ce commentaire excessif formulé en non connaissance de cause.
J’ai traversé un nuage, puis plusieurs. J’ai commencé à voir la mer en dessous, elle était d’un bleu limpide. Son écume caressait la plage située à ma droite. J’ai fini par voir le volcan qui était dans mon angle mort. Le décor était hallucinant, et moi j’étais complètement exaltée. Je crois que je n’ai pas pris mon souffle une seule fois pendant la minute de chute libre que j’ai vécu. Je n’étais toujours pas habituée à la folie du moment que le parachute s’ouvrait, m’offrant du même coup un sentiment qui doit s’apparenter à celui de rentrer de plein fouet dans un mur de béton.
Le parachute ouvert, et le sentiment de sécurité étant de retour, j’ai admiré le paysage et apprécié la magie du moment. L’île d’Honolulu semblait encore plus paradisiaque vue d’en haut, avec ses plages dorées, l’océan bleu azure et ses montagnes volcaniques à couper le souffle, surtout avec un regain d’adrénaline dans le sang. J’ai pris une photo, une de celle qui ne s’imprime pas, mais qui vous reste gravé à tout jamais dans la mémoire. Life was good !
Superbe instant de vie, votre narration nous emmène avec vous, c’est génial, merci du partage !
J’en aurai presque envie de tenter l’expérience… j’ai dis presque ! 🙂
Bonne semaine à vous !
Merci pour votre commentaire! C’est toujours apprécié !
Je vous recommande fortement l’expérience 😉