Rio de Janeiro, Brésil, 28 août 2013.
Stade Maracanã : capacité de plus de 80 000 spectateurs, 80 000 fanatiques de soccer. Premier match des Flamingos dans le stade depuis sa rénovation.
Flamingos : équipe la plus populaire du Brésil avec près de 40 millions de partisans. Une foule record pour un match de la coupe du Brésil.
Une ambiance survoltée, une foule en délire. Dans le monde du sport, je n’avais jamais rien vu d’aussi impressionnant ; je n’avais jamais vu de fans de soccer brésiliens auparavant. Il faut le vivre pour le comprendre. À l’origine, en 1950, le stade Maracanã avait été construit pour la coupe du monde de soccer et avait une capacité de 250 000 spectateurs. Il a subi une cure de rajeunissement depuis le temps et sa capacité a diminué considérablement, notamment pour des raisons de sécurité. Quand même, le stade est gigantesque.
Dans le nouveau stade : aucune boisson alcoolisée permise, des policiers à la pelletée, des burgers précuits au stand à fast food, des Brésiliens agressifs qui crient à tue-tête des injures en portugais, pas de siège réservé, la loi de la jungle s’applique. Il n’y a pas de principe du premier arrivé premier servi. Si tu n’es pas assez intense dans ta façon d’écouter ou de crier pendant le match, tu te fais voler ta place, point. Des étrangers s’installent devant toi, ils te bouchent la vue, tu dois comprendre : « fais de l’air, tu n’es pas assez intense ».
Je vois les fanatiques, les vrais partisans, les extrémistes, ceux qui peuvent te créer une émeute au moindre mauvais jugement de l’arbitre. Ils sont de l’autre côté du stade, dans la zone que nous avons sciemment évitée. Je les entends, avec leurs chants, semblables à un groupe de fanatiques finis qui brandissent leurs immenses drapeaux et flambeaux. Cette vision est impressionnante, terrifiante. Une armée prête à renverser l’impression de paix fragile qui traîne encore dans le stade. Avec eux, tout pourrait éclater. Ils aiment leur équipe, un peu trop, un peu mal parfois. Des policiers en habits antiémeutes occupent des zones gardées inoccupées, dites « tampons », qui séparent les différents partisans.
Près de 90% du stade prend pour les Flamingos, presque tout le monde est habillé en rouge, le stade est en feu! Les partisans attendent, impatients et bruyants, un premier but de leur équipe. Des chants se succèdent, un après les autres. Le son dans ce stade est si bruyant qu’il pourrait réveiller tous les cimetières du monde. Une immense ruche qui bourdonne sans cesse. J’ai la tête qui tourne à force de suivre le petit ballon sur le terrain, de me faire crier dans les oreilles, de tenter de me faire une place à ma place. Affolant, mais complètement grisant.
Puis vint le but de la part des Flamingos, quelques minutes seulement avant la fin du match. La foule est en délire. Le bruit est encore plus fort, comme si c’était possible. La tension est toujours aussi palpable, mais une chose est certaine, les Flamingos vont passer en quart de finale si la tendance se maintient. Les milliers de policiers en poste dans le stade ne perdent pas de vue leur objectif, ils restent le regard droit, le dos braqué, prêt à réagir en cas de revirement de situation.
Le match se termine. Les gens sont heureux. Les partisans des Flamingos sortent du stade, le sourire au visage, les autres ont disparu. À la sortie du stade, d’autres policiers attendent et guident les partisans tranquillement de part et d’autre.
Maracanã était plus beau que jamais avec sa foule passionnée et éblouissante, ses sièges qui sentaient encore le plastique neuf, ses salles de bain encore propres et ses néons de toutes les couleurs. Je ne peux que m’imaginer la folie qui régnera dans ce pays pour la Coupe du monde de soccer en 2014. Je n’ose même pas imaginer ce que ce sera pour les jeux Olympiques de 2016.
Vous n’avez pas vu de vrais fans de soccer si vous n’avez jamais vue un Brésilien écouter le match de son équipe préférée, c’est moi qui vous le dis.
Je n ai pas vus le temps passer, encore merci pour ce regale passe sur votre site.