Emei Shan, montagne sacrée bouddhique de la Chine. À plus de 3000 mètres d’altitude, il faisait définitivement trop froid pour mon accoutrement vestimentaire. Ma respiration n’était pas facile et un simple effort physique résultait en des étourdissements assurés. Le sommet était bondé de Chinois qui avaient fait le chemin pour se recueillir en cet endroit sacré, certain pour la première fois. Il s’agissait en quelque sorte de leur Mecque, et moi j’étais là à contempler le tableau. La brume était épaisse, trop épaisse pour admirer le paysage grandiose qui se cachait derrière cette muraille blanche, alors je l’ai imaginé.
Nous nous étions fait attaquer par des singes sur le trajet en montant, la journée avant d’atteindre le sommet. Ils semblaient attirés par ma bouteille d’eau qui faisait un reflet lumineux, comme un bijou. Une grande perche et des roches nous avaient été plus qu’utiles pour nous permettre de nous éloigner sans encombre de ce commando poilu. Ces bêtes étaient énormes et avaient l’air vorace. Leurs dents pointues étaient loin de m’inspirer confiance. Un homme pendant le trajet nous avait raconté une légende au sujet de ces singes, comme quoi ils auraient été entraînés à voler les touristes par un vieillard. J’avais trouvé que son histoire ne faisait pas de sens, mais j’avais aimé l’idée. En les voyant s’affairer de la sorte devant moi, j’ai pensé que son histoire loufoque avait peut-être du sens, finalement.
Au sommet, nous avons suivi des pèlerins pendant quelque temps pour finalement nous arrêter à un stand à saucisses. La nourriture en vente se faisait rare à cette altitude et pour une raison anodine nous n’avions pas apporté suffisamment de vivres pour nous alimenter pendant notre séjour sur le sommet. Le gars du stand m’a tendu une saucisse piquée sur un bâton avec un grand sourire, il avait les dents noires et trop croches. Je l’ai mangé en deux bouchées tellement j’étais affamée, elle n’était pas mauvaise.
Quelques mètres plus loin se trouvaient un chemin pour monter au temple. Le dernier temple, le plus haut sur la montagne, le plus important. Il était tapissé d’or. Une vraie merveille. Les escaliers qui menaient au temple étaient agrémentés d’éléphants blancs ornés d’or, symbole de sagesse et d’intelligence pour les bouddhistes. L’éléphant est également souvent utilisé pour représenter la capacité à écarter les obstacles, à se frayer un chemin dans les forêts les plus impénétrables. Ils auraient été beaux dans un musée et ils étaient tout simplement magnifiques dans cet endroit. Nous sommes montés jusqu’en haut pour admirer le monument et nous remplir les poumons d’encens. Le lieu prêtait au recueillement.
Après plus d’une heure aussi et à admirer le temple, nous avons entamé la descente. Les nuages ont commencé à se dissiper et le paysage est apparu. L’endroit était encore plus impressionnant que dans mon imaginaire, grandiose était le mot juste. La falaise était très abrupte d’un côté. Le soleil s’en est mêlé, ce qui m’a permis de me réchauffer légèrement et d’offrir une autre touche de merveille au moment. Au sommet de ce mont, j’ai vu la beauté. Pour un instant, j’ai eu envie de devenir bouddhiste.
Magnifique description Valérie.Ça nous donne l’envie d’y aller.
Merci 🙂
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