Elle s’appelait Delphine…

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Elle s’appelait Delphine. Delphine c’est un joli nom lorsqu’il s’agit d’une petite fille, voire même pour une adolescente, mais c’est toujours surprenant lorsque c’est le prénom d’un pachyderme de près de 6 tonnes qui te regarde dans les yeux en mangeant son foin paisiblement. Pour une raison inconnue, cette éléphante asiatique avait héritée d’un prénom français. Elle avait environ 40 ans et était une retraitée du domaine forestier. Elle était d’un charme fou avec ses grands yeux bruns et ses courbes allongées.

Son corps trahissait son passé plus difficile à soulever des troncs d’arbres avec sa gigantesque trompe. Des cicatrices étaient observables à l’avant de son corps, près des pattes, et derrière ses grosses oreilles rugueuses. Il y en avait même qui étaient encore rosées, ce qui laissait croire qu’elle se faisait encore maltraitée à l’occasion par ses maîtres pour assurer son obéissance et ainsi leur sécurité et celle des touristes. Aujourd’hui, Delphine vit dans un camp touristique près de Luang Prabang, capitale culturelle du Laos, à manger ses rations de nourriture quotidiennement et à se faire caresser par les touristes.

Depuis les nouvelles lois visant à ralentir et à mieux contrôler la déforestation au Laos, la majorité des travailleurs du bois, les éléphants compris, ont perdu leur emploi. L’essor du tourisme au Laos est tombé pile-poil avec la fin de cette ère de déforestation massive et, heureusement pour les éléphants et leurs maîtres , il était possible de recycler ces grosses bêtes dans l’industrie du tourisme.

Ma Delphine était un véritable véhicule tout terrain. Dans la bouette comme dans les montagnes, elle avançait à une vitesse lente, mais certaine au travers de la jungle. Elle coopérait très bien et avançait d’un pas décidé dans la jungle avec moi à ses commandes, ou du moins qui donnait l’impression de la contrôler assise sur son cou. Malgré tout, il lui arrivait très souvent de s’arrêter sur la route pour ramasser les vieilles souches et les troncs d’arbre jonchés sur le sol le long du sentier. J’imagine que ses bonnes vieilles habitudes de travailleuses du bois reprenait des fois le dessus sur son nouveau rôle de transporteuse de touristes. Peut-être était-ce aussi pour son simple bonheur d’avoir encore la force de soulever ces masses dormantes avec sa trompe. À tous les coups, elle se méritait une réprimande de son véritable maître qui marchait à nos côtés pour la surveiller.

Lorsque nous sommes arrivés au bord du Mékong, elle n’a pas hésité une seconde à littéralement se garrocher dans l’eau avec ma personne sur sa tête incluse. Elle est restée la tête dans l’eau pendant près de cinq minutes à ne respirer qu’avec sa trompe sortie de l’eau. S’il existe un paradis pour les éléphants, il n’y a aucun doute qu’ elle s’y trouvait à ce moment précis. Elle a fini par ressortir la tête hors de l’eau et retourner vers le rivage, toujours avec moi sur son cou. Nous sommes finalement retournés au campement tranquillement, non pas sans rencontrer de nouvelles souches qu’elle s’est amusée à déplacer.

J’ai dit au revoir à cette grande dame avec un sourire aux lèvres en pensant à la chance que j’avais eue de rencontrer une bête aussi majestueuse et d’avoir fait partie de sa longue existence l’espace d’un instant.

Merci Delphine pour cette journée inoubliable.

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